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Portraits des vies de ces personnages..
De l’amour
~ Sans grande surprise, le Sablier étant une série shojo, on se doute qu’il sera surtout question d’Amour le long de ces dix volumes. Mais là où les autres récits se contentent généralement de dépeindre les émois de jeunes lycéennes ou étudiantes à la recherche du prince charmant, ou hésitant entre différents prétendants parmi un casting de jeunes éphèbes (maigrelets pour la plupart), l’œuvre de Hinako Ashihara en dévoile un spectre beaucoup plus étendu. En le décrivant à tous les âges, en le développant sur toutes ses formes, c’est un portrait complet qui est réalisé par l’auteure, donnant ainsi une définition très large de ce sentiment qui a toujours fait tourner le monde.
Loin de simples préoccupations juvéniles, la romance entre An et Daigo qui nous est narrée prend ses origines dans des sentiments beaucoup plus sincères qu’une simple préoccupation juvénile. En effet, ces deux enfants n’ont qu’une douzaine d’années lorsqu’ils se croisent pour la première fois. Un premier contact assez houleux d’ailleurs, donnant lieu à une dispute puérile entre la jeune citadine amadouée par un petit lapin et le garçon de la campagne qui ne pense qu’à le manger ! Entre les deux, aucun coup de foudre immédiat, pas de dialogues de sourds sur leurs sentiments cachés et dont une réponse (attendue) ne serait apporté qu’en fin de série. Ici, l’attirance naît peu à peu, on voit leur amitié grandir, jusqu’au moment où An subira la perte de sa mère et que Daigo jurera de toujours la protéger. On découvre alors un amour basé sur l’attachement, la confiance, le soutien mutuel. Si en apparence An se repose davantage sur les épaules du robuste garçon, ils ont en réalité autant besoin l’un de l’autre. S’ensuit alors un serment inavoué, une promesse mutuelle de toujours compter sur l’être aimé, malgré la distance qui pourra les séparer, malgré la fuite du temps.
Le temps qui, justement, a une importance considérable dans la série, mais nous aurons l’occasion d’y revenir plus tard dans ce dossier. La mangaka a eu la très bonne idée de ne pas se focaliser sur une seule période de la vie, mais de se concentrer sur chaque étape, une à une, de l’évolution d’une relation amoureuse : les premiers regards qui en disent long, le premier baiser, la première fois, mais également les disputes, les ruptures, les regrets… Des thèmes certes classiques mais l’étalement sur de nombreuses années permet de constater la progression des choses de manière très crédible, sans précipitation, sans retournement de situation grotesque. La sincérité de cette relation n’en est alors que plus touchante. Mais les autres personnages ne sont pas en reste, notamment Fuji et Shiika Tsukishima, qui viendront former un triangle, puis un carré amoureux ! Là encore, si aux premiers instants on peut se douter d’une telle situation, les choses sont amenées très doucement et avec beaucoup de candeur. Difficile alors de les prendre le frère et la sœur pour les méchants de l’histoire, ils sont simplement en lutte face à des sentiments qu’ils ne peuvent maitriser, même si ces derniers seront autant de grains de sable dans l’histoire du couple principal.
Mais la description de l’Amour ne s’arrête pas à ce fameux quatuor. De nombreux autres personnages évoluent en parallèle, et on vient souvent reprendre de leurs nouvelles. Autant d’histoires qui pourraient mériter d’être mises en lumière de la même manière que celle de Daigo et An, même si tout ce petit monde gravite finalement autour d’eux. Les amours éternels de lycée qui finissent par s’estomper, et que l’on oublie, les erreurs charnelles du passé que l’on ne peut effacer, les nouveaux départs qui s’offrent à nous alors que le destin semble nous avoir laissé de côté, … et tant d’autres récits sentimentaux, tous décrits avec un grand sens du réalisme de la part de l’auteur. Ainsi, de nombreuses thématiques sont abordées sans tabous, des premières menstruations d’An jusqu’à sa première approche du sexe, et bien plus tard, l’optique de se poser, de trouver un mari, et de fonder un foyer. Les lycéennes en manque de tendresse sont alors remplacées par les office-lady multipliant les rendez-vous organisés, les illusions de la jeunesse ont laissé place à la maturité, voire au fatalisme, même si le regard sur le passé est toujours dans les esprits.
Enfin, on ne pourrait terminer cette fresque sans parler de l’affection envers sa famille et ses proches, tout aussi importante que le sentiment amoureux en lui-même. La notion de famille est très importante dans la série. Après avoir été trahie par sa mère, An a toujours cherché du réconfort autour d’elle, en en rendant à son tour. Elle viendra même à placer sur un pied d’égalité l’amour envers Daigo et celui envers son père, ce qui lui fera revenir à Tokyo. On ressent également toute l’importance de l’attachement entre les personnages, toujours basé sur ce besoin de protection mutuelle, au cœur même de la série. De nombreux sentiments amoureux en naitront d’ailleurs. Et malgré toutes les épreuves à surmonter, c’est ce principe présent dès l’origine qui sera la clef de l’intrigue, ce soutien réciproque une fois sa propre faiblesse surmontée, pour aider celle de l’autre…voilà le message qu’apporte le Sablier. Avancer ensemble, envers et contre tout, face à l’écoulement inexorable du temps.
Et tout le reste…
Si l’Amour est omniprésent dans la série, résumer la série à ce sentiment serait très réducteur. En effet, au-delà du simple épanouissement sentimental, les héros ont à cœur de réussir leur vie dans les autres domaines. Certes, dans leurs jeunes années, ces personnages sont bien loin de ce genre de considérations, si ce n’est pour Fuji et Shiika. L’éducation de leur riche famille les prédestinera très tôt à de longues études afin de se révéler digne de leur héritage, une voie que l’on choisit pour eux. L’opposition face à la sphère parentale est également un des thèmes majeurs de la série : si Daigo se dispute souvent avec sa mère à cause du caractère franc qu’ils partagent, sa situation est la moins à plaindre. Les enfants Tsukishima, par exemple, ne peuvent supporter les erreurs passés de leur mère, et si l’un choisit la fuite, l’autre retiendra tout pour elle, jusqu’à l’implosion. Enfin, notre héroïne An, doit dans un premier temps faire face à sa colère envers l’acte d’abandon de sa mère, puis pardonner à son père son absence pendant tout ce temps. Parfois, on a même l’impression que les rôles s’inversent et que les enfants sont plus matures que leurs ainés, même si au final, ils sont amenés à suivre des chemins similaires.
Le Sablier se fait également l’écho d’une critique de la société contemporaine nippone, et notamment du train de vie des habitants de la capitale. Un seul mot ressort de cette analyse : la Pression. Elle est déjà visible dans les plus jeunes années, quand on voit les jeunes lycéens qui organisent des séjours de révisions intensifs en été pour se préparer un avenir meilleur, ou quand ils sont amenés à faire des petits boulots pour s’en sortir. Mais le monde d’après, celui des adultes, n’est pas au beau fixe non plus. La pression du travail, du train-train quotidien, de la rivalité au sein de l’entreprise… Sans en faire trop, Hinako Ashihara dresse un portrait acide de ce monde. Mais c’est le cas dès l’origine de la saga : en effet, c’est bien sous la pression de ses dettes que le père d’An sera contraint au divorce, et c’est également le surmenage dus aux efforts qu’elle doit fournir qui aura raison de la volonté de Miwako, la mère d’An, la poussant alors à en finir une bonne fois pour toutes. Beaucoup de personnages seront amenés à fuir cette pression, soit de manière temporaire, par la fugue, la disparition, ou l’exil, ou de manière définitive, par le suicide. Des thématiques fortes, dures, qui justifieront et complèteront le besoin permanent d’amour d’An et des autres personnages. ~
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Présentation du manga !
Le Sablier (Suna dokei - Sand Chronicles) est un manga de Hinako Ashihara qui a été publié dans le Betsucomi, célèbre mensuel shojo de l’éditeur Shogakukan existant depuis 1970. La parution en volumes reliés débuta en août 2003 pour s’achever trois années plus tard. Notons que si la série comporte dix tomes, l’auteur considère que son histoire se termine au bout du huitième, les deux derniers étant composés d’histoire d’annexes sur les divers personnages de la saga. Enfin, il est à noter que la série fut également complétée par un fanbook, sorti en juin 2006, et comportant de nombreux dessins de la mangaka ainsi qu’une interview. Mais on en retient surtout une histoire courte, véritable spin-off de la série pouvant être considéré comme une fin en soi!
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Les personnages principaux !
An Uekusa/Minase
« Faites que je puisse toujours rester avec Daigo. »
Lorsque le lecteur découvre An pour la première fois, c’est déjà une jeune femme de 26 ans ! Mais la redécouverte d’un objet, un simple sablier, qu’elle avait volontairement enfermé dans un coffret, va lui rappeler tous ces souvenirs depuis l’âge de 12 ans.Héroïne de l’histoire, elle se place également en tant que principale narratrice. Son père se retrouvant endetté et ne pouvant plus tenir ses responsabilités, ses parents divorcent, et sa mère décide de rentrer dans son village natal, à Shimane, à des kilomètres de la capitale.
Si les débuts sont difficiles pour la jeune fille dans ce nouvel environnement, sa sympathie et sa candeur naturelle ne tarderont pas à lui attirer de nouveaux amis.
Cependant, sa vie va être profondément bouleversée, très tôt dans le récit, par le suicide de sa mère, n’arrivant plus à assumer ses propres faiblesses. Dès lors, An va vivre avec ce grave souvenir ancré en elle, et la peur de suivre un chemin identique.Elle va pourtant trouver rapidement du réconfort dans les bras de Daigo, et pourra ainsi tenter de surmonter cette terrible épreuve. Trois années plus tard, elle reprendra contact avec son père, enfin sorti de ses problèmes financiers, et qui lui demandera de revenir habiter à Tokyo pour ses années de lycée. Tiraillée par son attachement avec Daigo, elle finira toutefois par accepter la proposition. Leur amour subsistera-t-il malgré la distance qui les sépare ?
An a un caractère très sympathique et enjoué, et se retrouve constamment entourées d’amis à chaque étape de sa vie, que ce soit à Shimane ou à Tokyo. Sans tomber dans l’archétype de la fille populaire et dont tous les garçons sont amoureux, son naturel en toutes circonstances rend le personnage véritablement attachant. Toutefois, derrière cette bonne humeur et cette spontanéité se cachent une grande sensibilité et fragilité, du fait de la perte prématurée de sa mère. Elle a peur de sa propre faiblesse, peur de s’accrocher trop aux autres et de se laisser protéger, peur du malheur qu’elle peut produire autour d’elle. Cependant, même si elle a la larme facile, An ne se laisse pas abattre par ses tourments et continue d’avancer, dans l’espoir de surmonter tout cela, et d’en ressortir un jour bien plus forte !
Daigo Kitamura
« Moi… je resterais toujours auprès de toi. »
Elevé à la campagne, Daigo a toujours vécu à Shimane avec ses parents et sa petite sœur Uri. Dès son plus jeune âge, c’est un garçon assez débrouillard, qui connaît notamment les rudiments de la chasse. Daigo a un caractère honnête et franc, provoquant parfois quelques disputes par l’expression de ses sentiments. Cependant, il n’en est pas détestable pour autant, car derrière toutes ces maladresses se cache une gentillesse sans bornes. Daigo est en effet d’un naturel très protecteur, et tout comme An, son caractère naturel lui attire la sympathie de son entourage. Il est également très à l’aise avec les enfants, ce qui lui vaudra une vocation pour travailler plus tard dans l’enseignement, mais la route est longue, au vu des difficultés qu’il peut avoir à l’école. Daigo est plus manuel que réfléchi, ne l’oublions pas !
Très rapidement, ses bras protecteurs ne seront plus dévoués qu’à An. La première preuve de cet attachement apparaît lorsqu’il offre un second sablier à la jeune fille qui a brisé celui de sa mère dans un excès de colère. Daigo fera alors tout pour protéger l’élue de son cœur. Lorsqu’ils seront séparés par la distance, il décide d’enchaîner les petits boulots, en plus de ses heures de lycée, afin de gagner quelques sous pour multiplier les voyages qui lui feront retrouver sa belle. Toutefois, sa maladresse naturelle l’empêche bien souvent de prendre les bonnes décisions, hésitant entre le trop plein d’amour qu’il voue à An et les différents évènements. Par exemple, lorsqu’il lui promet que tout se passera bien, sans aucune garantie, juste avant le décès de sa mère, ou bien plus tard, lorsqu’après une dispute, il hésitera pendant des mois à l’appeler, alors qu’il en meurt d’envie. An et Daigo ayant des caractères assez sincères, le ton dérape parfois, et leur relation n’en sera plus que tumultueuse…
Fuji Tsukishima
« On parle de premier amour, parce qu’il en existe un deuxième, puis un troisième !! »
Fuji est l’héritier d’une famille fortunée, les Tsukishima, dont le domaine s’étend sur la majeure partie des terres autour de Shimane. Ainsi, il a connu une vie traditionnelle rigoureuse, et ses parents décident par la suite de l’envoyer étudier dans un lycée et une fac de Tokyo pour parfaire son éducation. Au premier abord, Fuji apparaît comme un garçon très froid, de par son rapport à l’argent assez déroutant, et son mépris affiché envers les autres. Daigo, qui ne l’apprécie guère, nous le présente comme «un garçon très snob » en début de série. En réalité, on est bien loin du simple gosse de riche. Son caractère renfermé face au monde qui l’entoure cache surtout une grande maladresse, un point commun qu’il partage avec son rival. De plus, son rejet s’explique également par une perte des repères, lorsque dans son enfance il a surpris sa mère au lit avec un autre homme que son père. D’ailleurs, de nombreuses rumeurs courent à son sujet, notamment des doutes quant à l’identité de son véritable géniteur. Des questions qui ne tarderont pas à le hanter, et auxquels il cherchera des réponses, qui ne seront d’ailleurs pas forcément celles souhaitées.
Pourtant très réfléchi, le jeune garçon pourra s’emporter et agir de manière déraisonnée lorsque ses sentiments seront en jeu, que ce soit dans leur expression, ou dans sa manière d’agir. En effet, il va très vite tomber à son tour sous le charme d’An, qui aura été celle qui l’aura sorti de son isolement face au monde, mais bien sur va souffrir du fait de ne pas être l’élu du cœur de la demoiselle. Son exil vers Tokyo aurait du être bénéfique, si seulement An n’était pas également du voyage... Comment le jeune homme appréhendera-t-il cette situation ?
Shiika Tsukishima
« Aujourd’hui… Je préfèrerais que le temps… s’arrête. »
Petite sœur de Fuji, de un an sa cadette, Shiika a également vécu dans le domaine familial, mais en étant encore plus surprotégée que son frère. Sa mère lui a toujours inculqué les valeurs traditionnelles et Shiika apparaît comme une fille de bonne famille au caractère très doux, respectant les usages et les bonnes manières. Seulement, elle voit peu à peu sa maison comme une gigantesque prison de verre, dont elle ne sort que très rarement, suivant une éducation à domicile. Lorsqu’elle peut s’en échapper, la jeune demoiselle est le centre de toutes les attentions des garçons qui l’entourent, aux petits soins devant cette poupée de porcelaine. Or, Shiika n’a pas envie de se faire constamment chouchouter, et tient également à se rendre utile pour exister par elle-même. Elle n’hésite pas à apporter son aide aux employés de maison, et contribue à l’organisation d’une fête avec Daigo et ses amis, qui n’hésiteront plus à l’utiliser, jusqu’à l’exploitation, lorsqu’ils prendront conscience de la dévotion de la demoiselle !
Cependant, Shiika n’en reste pas moins très fragile, surtout lorsqu’elle prendra conscience d’un lourd secret de famille. Un poids très lourd à porter pour la jeune fille, qui trouvera en Daigo un réconfort fraternel. Cependant, la jeune fille devient peu à peu une femme et ce sentiment évoluera à son tour en un amour qu’elle sait impossible, même si elle ne se refuse à cette évidence. Elle qui a toujours eu tout ce qu’elle voulait avant même de le désirer, cette impuissance se vivra de manière très dure et la poussera à agir de manière irraisonnée, avec même une once d’égoïsme et de méchanceté. Mais la jeune fille n’en est pas méprisable pour autant. On espère simplement la voir s’épanouir autrement, ailleurs que dans ce monde dans lequel elle a toujours été cloîtrée.
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